Où sont les femmes dans la BD ? les dessinatrices du 9ème Art

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femmes BD

La disparition récente de Bernadette Desprès (1941-1924), la dessinatrice de la fameuse BD jeunesse « Tom Tom et Nana » (qui aura marqué plusieurs générations) amène à se poser la question de la visibilité des femmes dessinatrices dans la B.D. Pourtant le talent n’a pas de genre et si elles ont été longtemps discrètes (voire invisibles) dans le secteur du 9ème Art il faudra compter à présent avec la jeune génération de dessinatrices qui promet de bien changer les codes. Petit tour d’horizon de ces femmes qui n’ont pas leur crayon dans leur poche. Et puisque Noël approche se sera également l’occasion d’avoir quelques idées cadeaux !

Les pionnières

Elles sont rares, et bien entendu on pourra citer la génialissime Claire Bretecher (1940-2020, France) autrice et dessinatrice des Frustrés qui parait à partir de 1973 dans le magasine du Nouvel Observateur.

De 1973 à 1980, dans les pages du Nouvel Obs, Claire Bretécher signe chaque semaine le portrait des Frustrés qui lui vaut d’être qualifiée de « meilleure sociologue de l’année » en 76 par Roland Barthes. Elle croque, certes avec tendresse, mais surtout avec une lucidité impitoyable ces Français (…) Lire la suite

Parmi les pionnières citons également la mangaka Kuniko Tsurita (1947-1985, Japon).

Sur 264 pages, Jouer au loup présente une quinzaine d’histoires piochées dans la mythique revue Garo, mais aussi des pages et illustrations complètement inédites, ce qui fait de ce nouveau recueil, trois ans après L’Envol, un véritable événement éditorial. Souvent présentée comme la première femme à avoir publié dans Garo, Kuniko Tsurita (décédée prématurément à l’âge de 37 ans) a sans doute souffert de ce statut de « femme dans un monde d’homme », et une partie non négligeable de son oeuvre est donc restée dans les tiroirs – une oeuvre soigneusement conservée (…) Lire la suite

et Posy Simmonds (1945, Royaume-Uni) auteure de « Tamara Drew », grand prix de la ville d’angoulême 2024.

Avec son nez refait, ses jambes interminables, ses airs de princesse sexy, son job dans la presse de caniveau, ses aspirations à la célébrité et sa facilité à briser les coeurs, Tamara Drewe est l’Amazone urbaine du XXIe siècle. Son retour à la campagne, dans le village où a vécu sa mère, est un choc pour la petite communauté qui y prospère en paix. (…) Lire la suite

Les femmes dans la BD, la deuxième génération

Jusque dans les années 60 elles sont quasi inexistantes de la scène du 9ème Art (mais le 9ème art ne s’appelle pas encore comme ça et la BD est un média qui n’est pas en odeur de sainteté1), et il faudra attendre le début des années 1980-2000 pour voir émerger le travail d’une nouvelle génération visible de dessinatrices nées dans les années 60-80.

Plus près de nous, citons Emil Ferris (1962, USA) dont le destin légèrement dramatique aura permis de faire émerger cette œuvre grandiose réalisée entièrement au stylo Bic « Moi ce que j’aime c’est les monstres » (My favorite things is monster), fauve d’or d’angoulème 2019. La réalisation de son récit mis en œuvre sous forme de diptique (chez l’éditeur Monsieur Toussaint Louverture 2) casse les codes habituels de la BD et nous plonge dans son incroyable univers.

Résumé

Résumé : L’existence de Karen Reyes regorge d’insondables mystères. Le meurtre d’Anka Silverberg, sa muse sombre et survivante de l’Holocauste, n’a toujours pas été élucidé. L’arrestation de son voisin, le gangster Kiri jack Gronan, a soulevé une partie du voile noir qui flotte sur Uptown, quartier sous tension et dangereux du Chicago des années 1960, révélant un monde en ébullition (…) Lire la suite

La part des femmes dans la BD

Dans « Bande dessinée, 1964-2024 » (exposition au centre Georges Pompidou), voici les dessinatrices/autrices présentes : Aline Kominsky-Crumb (1948-2022 USa), Kuniko Tsurita (1947-1985, Japon), Emil Ferris (1962, USA) , Anke Feuchtenberger (1963, Allemagne), Julie Doucet (1965, Canada), Claire Bretecher (1940-2020, France), Florence Cestac (1949, France), Catherine Meurisse (1980, France), Anouk Ricard (1970, France), Zeina Abirached (1981, Liban), Nina Bunjevac (1973, Canada), Nicole Claveloux (1940, France), Fanny Michaëlis (1983, France), Chantal Montellier (1947 France), Marjane Astrapi (1969, Iran), Alison Bechdel (1960, USA), Dominique Goblet (1967, Belgique), Marion Fayolle (1988, France), Joanna Hellgren (1981, Suède), Camille Jourdy (1979, France), Anna Sommer (1968, Suisse), Pénélope Bagieu (1982, France), Rebecca Dautremer (1971, France), Posy Simmonds (1945, Royaume-Uni), Marie Severin (1929-2018, USA).

Se sont au total près de 25 femmes dessinatrices qui sont représentées lors de cette exposition, pour plus d’une centaine d’homologues masculins. C’est assez représentatif de la « part » globale de la présence féminine sur le 9ème Art (moins de 30%). On est donc loin de la parité.

Véritable traversée de l’histoire moderne et contemporaine de la BD, l’exposition « Bande dessinée (1964-2024) », présentée au niveau 6, met en dialogue pour la première fois en France ses trois principaux foyers d’expression : la création européenne, les mangas asiatiques et les comics américains. En douze thématiques et par un jeu d’échos inattendus entre les auteurs, elle convoque les imaginaires de la bande dessinée, les émotions qu’elle suscite, ainsi que la diversité des techniques employées.(…) Lire la suite

Où sont les femmes ?

femmes BD
© Xavier Gorce / Le Monde

Et pourtant à la trop courte liste ci-dessus, il manque encore beaucoup de talentueuses dessinatrices. Citons Marion Montaigne (1980, France) et l’énorme travail accompli pour sa BD à propos d’un certain astronaute

Rappelons-le, les plus grosses ventes de livres en France sont des BD ! en 2021, avec Asterix et le Griffon (Ferri, Conrad,Ed. Albert René ) , en 2022 avec le Monde sans fin (Jean-Marc Jancovici, Christophe Blain, Ed. Dargaud) , en 2023 avec Asterix et le lys Blanc (Fabcaro et Didier Conrad, Ed. Albert René ) ainsi que Gaston Lagaffe, vol.22 Le retour de Lagaffe ( Delaf, Dupuis). Un podium BD donc exclusivement masculin. Contrairement au secteur du roman où la parité semble plus de mise puisque le top 10 des plus grosses ventes pour 2023 se décline comme suit3 :

Astérix, L’iris blanc — Fabcaro et Didier Conrad, Ed. Albert René
Gaston Lagaffe, vol.22 Le retour de Lagaffe — Delaf, Ed. Dupuis
Veiller sur elle — Jean-Baptiste Andrea (prix Goncourt), L’Iconoclaste
Sur la dalleFred Vargas, Flammarion
Il nous restera ça Virginie Grimaldi (poche), Le Livre de poche
Les douleurs fantômes Melissa Da Costa (poche), Le Livre de poche
Les années glorieuses. Le grand monde — Pierre Lemaître  (poche), Le Livre de poche
Son odeur après la pluie — Cédric Sapin-Dufour, Stock
Les années glorieuses. Le silence et la colère — Pierre Lemaître, Calmann-Levy
Mon mari Maud Ventura (poche), Collection Proche

Du côté des lectrices, il y a une petite évolution, une légère féminisation (le ratio se porte à environ 30% de lectrices pour 70% de lecteurs) due justement à la présence d’autrices comme Marion Montaigne, Pénélope Bagieu ou Catherine Meurisse qui proposent de traiter des sujets forts avec un regard différent 4.

Et enfin, fait étrange, les écoles d’art sont pourtant remplies à 70% de femmes pour 30% d’hommes5….

Les « nouvelles » femmes dans la BD, la troisième génération

La relève est là et ne manque pas de talent, citons le travail de Valentine Cuny-Le Callet (1996, France) et son incroyable « Perpendiculaire au soleil » qui remporte le prix Artemisia en 2023, une claque graphique et une histoire dont la maturité n’a rien à envier aux « vieux de la vieille ».

En 2016, Valentine Cuny-Le Callet entame une correspondance avec Renaldo McGirth, condamné à mort, incarcéré depuis plus de 10 ans en Floride. Au fil de leurs lettres, des images qu’ils s’échangent, des rares visites, naît le récit graphique de leurs vies parallèles. Le livre questionne avec une intense émotion la brutalité d’un système carcéral, et l’amitié qui surgit, depuis une cellule de 5m2. (…) Lire la suite

Outre atlantique, Fiona Staples (1974, Canada) dessine les aventures de Saga avec un coup de crayon exacerbé.

Un autre cocorico avec Pénélope Bagieu (1982, France) et ses « Culottées », Prix Eisner en 2029.

La BD jeunesse n’est pas en reste avec le crayon d’Amandine (1980, France) et les histoires de Mistinguette (Greg Tessier, Amandine, Ed. Jungle!).

Pour conclure

Si le milieu reste encore essentiellement masculin, la voie est maintenant ouverte à d’autres talents et il y a de la place pour tout le monde ! Au japon, près de 50% des auteurs mangakas sont des femmes6
La BD reste un Art assez récent la tendance est à suivre sur ce qui se passe du côté d’un autre média encore plus récent (les jeux vidéos). Y a t-il un plafond de verre autour de ces 25-30% ? A suivre…

Source : https://womeningamesfrance.org/ressources-new/evolution-de-la-place-des-femmes-dans-le-jeu-video-tout-ce-que-vous-devez-savoir/

  1. Jacques Sadoul, « 93 and de B-D », 1989, Ed. J’ai Lu ↩︎
  2. Editeur qui nous aura aussi permis de découvrir ou redécouvrir l’incroyable saga « Blackwater » ↩︎
  3. Source : Actualitté https://actualitte.com/article/114930/meilleures-ventes/les-10-livres-les-plus-vendus-et-les-auteurs-favoris-des-francais-en-2023 ↩︎
  4. https://www.actuabd.com/Enquete-les-Francais-et-la-bande-dessinee-un-art-qui-fait-l-unanimite ↩︎
  5. https://www.culture.gouv.fr/Media/medias-creation-rapide-ne-pas-supprimer/Chiffres-cles-2023_DEPS_Enseignement-supe-rieur-artistique-et-culturel-et-insertion-professionnelle_Fiche.pdf ↩︎
  6. https://fr.wikipedia.org/wiki/Place_des_femmes_dans_la_cr%C3%A9ation_de_bande_dessin%C3%A9e ↩︎

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