Je continue ma série de portraits (artiste, auteur-e, mangaka…). Dans ces métiers qui nous inspirent, celui de libraire est bien particulier. La première fois que je suis rentrée dans la librairie-café « La Gède aux livres » d’Elisabeth Lesimple à Batz-sur-mer, j’y ai senti beaucoup de chaleur et d’humanité !
Un espace pour les livres comme un lieu rare où il « se passe quelque chose« . Où on peut y rencontrer les auteurs, assister à un concert, boire un café, suivre un atelier d’écriture ou simplement passer des heures à feuilleter les livres. Des endroits uniques où on a envie de lire.
Les livres ne sont pas immobiles !
Voici donc les propos recueillis d’une vraie passionnée qui en a fait son métier.
L’idée
N.A : Peux tu nous dire deux mots sur ton parcours ?
E.L : Des études de lettres, un parcours dans le professorat pendant 16 ans et une reconversion en 2013, dans l’idée d’ouvrir cette librairie.
J’ai toujours eu cette idée ! Pour revenir plus loin en arrière, j’ai l’impression, comme Obélix, d’être tombée dans la marmite des livres quand j’étais petite ! J’ai toujours eu un livre dans les mains. Ma maman me disait vient manger, j’avais mon livre sur les genoux. C’était quelque chose de vital pour moi.
J’ai l’impression, comme Obélix, d’être tombée dans la marmite des livres quand j’étais petite !
N.A : Comment est né ce projet de librairie en 2013 ?
E.L : Ce qui a été important c’est de mettre un peu de distance avec mon premier métier que j’aimais beaucoup. Et ça n’a été possible qu’en faisant une coupure. J’ai eu l’opportunité d’aller vivre à l’étranger, car mon mari pour raison professionnelle est parti en Allemagne. Donc j’ai suivi et du coup j’ai pu réfléchir et mûrir ce projet durant 3 ans.
Ensuite la découverte de ce lieu à Batz-sur-mer, qui est assez magique !
Le lieu
Il se passe toujours quelque chose
N.A : Justement, comment as tu découvert ce lieu qui est aujourd’hui clairement marqué de ton empreinte ? Qu’est ce que c’était avant ?
E.L : Ce qui est important c’est l’âme du lieu. Et ce lieu avait déjà une âme. C’était une mercerie qui était tenue par une certaine Madeleine Pelletier. Elle était une commerçante très appréciée dans le bourg de Batz car elle vendait des bobines de fils mais elle assurait aussi la vente d’espadrilles, d’articles de bain de mer…
Nous avons acheté en 2011 et fais quelques travaux, mais dans l’esprit de ne pas trop y toucher pour rester dans l’esprit « vieille boutique », avec les boiseries, et la vitrine est classée.
Comme j’ai un petit peu voyagé, j’avais l’idée de l’aménager un peu à la manière de ces commerces que j’ai pu voir aux Pays-bas. Avec des comptoirs en bois, des carreaux de couleurs, des petites choses que j’ai reproduites ici. Avec la couleur rouge qui prédomine, car pour moi c’est la couleur de la vie.
N.A : C’est un lieu qui vit ! c’est ce que j’ai ressenti la première fois en rentrant dans ta librairie 🙂
E.L : Oui, il se passe toujours quelque chose. Même si c’est une petite rencontre. Il se passe toujours quelque chose !
Le nom
N.A : D’ailleurs, Comment t’es venu le nom si particulier de cette librairie ?
E.L : En pleine nuit je me suis réveillée, j’avais trouvé le nom de ma librairie ! La gède aux livres ! Avec la gède qui était le panier à sel des paludières. J’ai fais tout de suite une analogie entre le sel des livres, le sel des mots...
Lisez pour vivre !
Le métier
N.A : Qu’est ce que tu préfères dans ce métier ?
E.L : Pour moi le cœur du métier c’est le conseil. Et le conseil ça nécessite d’aimer les gens. C’est un métier humain si on a envie d’y mettre de l’humain. J’aime aussi le partage car ici il y a le concept de la librairie café, je voudrais si j’en avais la capacité en terme d’espace, que tous les jours il se passe quelque chose à la Gède. Je suis avide de ça, j’ai de l’énergie pour ça. Quand un projet se termine il m’en faut un autre.
N.A : Tu es une libraire créative 🙂
E.L : Oui je pense, sinon je m’ennuie.
N.A : Du coup, qu’est ce qu tu aimes le moins dans ce métier ?
E.L : Aujourd’hui il y a une vraie charge de travail, c’est difficile de tenir en librairie, là ça fait dix ans, c’est fatiguant. Au sens physique et cérébral aussi, ça fatigue beaucoup. C’est pas vraiment ce que j’aime le moins, ça va avec le métier de toute façon. Ce qui est difficile à accepter c’est que ce que j’aime le plus, le partage qui est le fruit de mon travail, c’est 10% et puis tout le reste c’est des contraintes, de la logistique, de la relation avec les fournisseurs…des factures ! Mais on le sait, c »est comme dans tout métier, il y a le revers de la médaille, mais ce n’est pas suffisant quand même pour m’empêcher d’avancer.
Le café au jardin
N.A : Peux tu nous expliquer le concept de ta librairie-café ?
E.L : Le concept c’est de se dire que quand on rentre dans ma librairie on a envie d’une parenthèse. On a envie de venir dérober un moment dans sa journée pour aller à la rencontre des livres et peut être aussi pour se poser. Se poser c’est aussi consommer un thé, un café. Je me dis que la personne qui prend la pause, va avoir aussi la possibilité de chiner dans mes livres. Ou inversement celui qui découvre qu’on peut boire un café , ça peut lui donner envie de s’installer. C’est une dynamique qui fait ses preuves.
Après je dirai que ça a été difficile au début de faire accepter ce concept. Aujourd’hui c’est plus dans l’air du temps, mais quand j’ai démarré il y a dix ans c’était moins connu. A Batz ça a un peu surpris , les gens disaient « Mais vous vendez des livres ou c’est un café ? » « Et vos livre, ils sont neufs ? » Ils pensaient peut être que c’était une bouquinerie.
Pour moi ce n’est pas incompatible avec des livres neufs. Le jardin est un gros plus. L’été ça fonctionne impeccablement. Les gens quand ils viennent chez moi c’est une grande parenthèse (rires), ils apprécient beaucoup et même se fidélisent.
Les livres
N.A : As tu encore le temps de lire avec tout ça ?
E.L : C’est une bonne question ! J’ai aussi des phases, les libraires sont des gens normaux (rires) et il y a des moments où je suis en mode lecture intense et j’ai des moments où je ne suis pas en mode lecture intense, mais c’est un petit lié aussi aux rythmes annuels. L’été je n’ai pas le temps de lire comme je voudrais, mais en même temps l’été je dirai que ça couronne les choix que j’ai fais tout au long de l’année car les gens m’achètent beaucoup de livres de fond et pas que des nouveautés. C’est satisfaisant pour moi car ces livres là je les connais. Mes lectures d’hiver trouvent leurs places au moment de la saison (estivale).
N.A : Qu’est ce que tu lis en ce moment ? Ton dernier coup de cœur ?
E.L : J’ai bien aimé « Lulu ».
N.A : Et pour finir, un petit exercice de style ! Quel est ton légume préféré ?
E.L : C’est l’artichaut. Déjà parce qu’il a de très très belles fleurs et puis je pense qu’au niveau du goût il y a de la finesse, de la délicatesse. Et puis son bleu qui est irremplaçable.
N.A : C’est marrant c’est un légume typiquement Breton !
E.L : Justement je voulais terminer là dessus, parce qu’évidement : je suis Bretonne !
N.A : Merci Elisabeth pour cet entretien !
Le blog : https://lagedeauxlivres.wordpress.com
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On en parle : article ouest-france
Et bien entendu, en vrai :
La Gède aux Livres, Librairie – Café – Carterie
22 Rue Jean XXIII
44740 BATZ SUR MER
Un autre coup de cœur de la libraire : « Des pinceaux pour Frida« . Qui convient aussi bien aux enfants qu’aux adultes !
Pour commander, rendez-vous sur le site des librairies indépendantes www.librairie-alip.fr.
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