Être auteur jeunesse et choisir l’auto édition, interview

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L’auto édition, elle a un côté un peu fourre-tout. On y met le mot « auto » (débrouille toi tout seul). Et « édition », terme vaste et vague, bien loin des casiers de lettres des imprimeries…

Dans un précédent article je vous avais parlé du secteur du livre jeunesse et du métier d’auteur (car rappelons le : être auteur, jeunesse ou non, c’est UN MÉTIER à part entière).
Pour rappel, le secteur du livre jeunesse résiste bien à la crise du livre* « Un livre vendu sur trois est destiné à la jeunesse ».
Mais le parcours d’un auteur pour se faire publier reste très « aléatoire ». Je ne sais plus où j’ai lu cette phrase mais en gros cela disait : il y a aujourd’hui plus d’auteurs que de lecteurs (!). Trouver sa place en tant qu’auteur n’est pas chose facile, certains prennent parfois la voie de l’auto édition. Je vous propose l’interview d’un de ces auteurs prolifiques qui assume avec brio toutes les casquettes nécessaires à cet exercice périlleux.

Se lancer dans l’auto-édition (Source : Image par Nino Carè de Pixabay)

Vous avez plein d’idées et vous recherchez un illustrateur pour votre projet ? Demandez un devis (livre jeunesse, recueil, couverture de roman, etc.)

Mais d’abord, l’auto édition, c’est quoi ?

Bien qu’elle séduise de plus en plus, elle véhicule encore parfois une image d’amateurisme. Comme à son époque, l’ »auto-entrepreneur » faisait (et fait encore parfois) petit jouer n’étant pas considéré comme un « vrai » professionnel.
Pour autant, l’auto-édition prend une place grandissante dans le paysage de l’édition depuis une bonne vingtaine d’années.

Par définition l’auto-édition c’est lorsque l’auteur prend en charge l’édition de ses ouvrages sans passer par une maison d’édition. A ne pas confondre donc avec l’édition à compte d’auteur, où l’auteur assume financièrement l’édition de ses ouvrages mais en passant par le biais d’une maison d’édition.
Jusqu’à présent, le « Graal » recherché par les auteurs est la publication à compte d’éditeur. C’est à dire que c’est l’éditeur qui assume financièrement les charges de l’édition et qui rémunère ensuite l’auteur selon les ventes sous la forme d’un versement de droits d’auteur.

(A noter que je ne déploie pas ce qui se cache derrière le terme « édition » dans ce billet car ça nécessite un sujet d’article à part entière 🙂 )

L’auto-édition peut être numérique, papier ou les deux.
Ainsi, l’auteur qui s’auto-édite prend alors aussi une partie de la casquette d’un éditeur.

L’interview de Myric, un auteur qui a choisi l’auto-édition

Myric (de son pseudonyme complet : Myric Drane) est un auteur auto-édité, il s’essaye à cet exercice depuis plusieurs années déjà.
Il a écrit plusieurs articles très complets et remplis de conseils avisés sur le thème de l’auto-édition sur son blog .
Du livre illustré pour les petits, au roman pour ado il enchaîne les réalisations.

Myric Drane, Albertine
Myric Drane et son dernier roman « Albertine T1, un coeur de pirate« 
Commençons par le commencement…

N.A : Bonjour Myric, peux-tu nous présenter ton parcours en quelques mots ?

M.D : J’ai été touché par le virus de l’écriture très jeune. Je m’en souviens très bien. C’était en CM2. Un samedi matin, l’instituteur nous suggère de lire un livre en attendant la fin du cours. Et là, je lui demande si on peut en écrire un. C’était parti. Ensuite, pleins de commencements d’histoires, pleins d’idées, mais ce n’est qu’en 2012 que je prends connaissance de l’existence de l’autoédition. Ma femme me persuade de poser par écrit les histoires que j’invente tous les soirs pour coucher nos enfants. Ma petite entreprise naissait.

N.A : Qu’est ce qui t’as amené à l’écriture ?

M.D : Je crois que j’ai toujours été fait pour ça, c’est « mon » truc. D’autres c’est la musique ou le sport. Je me considère davantage comme un inventeur d’histoire qu’un écrivain. Être écrivain c’est avoir la reconnaissance de ses lecteurs, et de ses pairs. L’avenir nous le dira…

Écrire sous plusieurs formes

N.A : Tu écris des choses très différentes : des histoires courtes pour les petits, des romans pour les plus grands et même un livre-jeu. Pour te citer :

« (…) je vous rappelle que la vie d’auteur indépendant est un sacerdoce. Il faut tout faire soi-même, à commencer par rêver de ses futures histoires. »

Tu tiens un blog et tu es aussi très présent sur les réseaux sociaux. Tout cela en plus de ton emploi d’ingénieur et d’une vie de famille bien remplie. Comment trouves tu le temps 🙂 ?!

M.D : Plusieurs articles lus sur d’autres blogs m’ont secoué le cocotier : il est trop facile de se trouver des excuses pour ne pas faire ce pour quoi on est fait.
Mon premier roman a mis 2 ans à sortir. Il est maintenant inconcevable que le T2 mette aussi longtemps, j’ai maintenant une responsabilité vis à vis de mes lecteurs qui attendent la suite. J’ai eu un déclic lors d’un atelier d’écriture sur Internet qui permet aux auteurs de se soutenir mutuellement pour viser un objectif (nombre de mots) en un mois. J’ai réussi à organiser mes journées pour produire 20.000 mots par dans le mois. Et depuis j’ai gardé le rythme ! C’est ancré dans mon quotidien. Pour moi, c’est le soir, après le couchage des enfants. Évidemment, j’ai tiré un trait sur la Télé, sur la lecture, sur les jeux vidéos. Mais ces choix vont me permettre d’écrire le premier jet du T2 en 3 mois, contre 12 pour le T1. Bref, aucune excuse n’est valable. Ce n’est qu’une question de priorité, même si par ailleurs on travaille 10h par jour.

Le choix de l’auto édition

N.A : Pour rentrer dans le vif du sujet : qu’est ce qui t’as amené à l’auto-édition ? Qu’est ce qui te plait/motive dans ce choix ?

M.D : Le secteur jeunesse me paraissait assez bouché dans les maisons d’éditions classiques. Les auteurs en place se voient passer des commandes pour traiter de tel ou tel sujet. J’avais envie de produire mes histoires, sans contraintes éditoriales. Être le maître du jeu. Et je ne suis pas déçu. Les rencontres avec les lecteurs sont toujours des moments palpitants, y compris avec les plus jeunes.

N.A : Être auteur auto-édité demande de nombreuses compétences, pourrais tu nous en citer quelques unes ?

M.D :

Pour exister en autoédition, il faut être pro dans tous les domaines. Si une compétence nous manque, il faut la trouver ailleurs. On ne peut pas laisser des fautes, on ne peut pas avoir une couverture médiocre, on ne peut pas bafouer la mise en page.

Mais le plus difficile, c’est le marketing. A côté, les autres compétences sont faciles à acquérir. Faire la promotion de son livre, quand on est seul, demande plus de temps que pour écrire le roman et de comprendre les clefs du métier d’éditeur. Je crois que l’innovation paie dans ce domaine.

N.A : Est ce que tu continues à démarcher des éditeurs « classiques » ?

M.D : J’avoue que oui car, le nombre de projets et mon temps libre ne me permettent pas de tout faire. Devenir un auteur hybride est séduisant. Confier des projets à des ME, et travailler sur d’autres pendant ce temps-là. Ces deux mondes peuvent cohabiter dans ma vie.
C’est une option très en vogue actuellement.

auto-édition
Des conseils

N.A : Quels conseils donneraient-tu pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’auto-édition ?

M.D : D’abord, faites vous plaisir. Vous n’en vivrez peut-être pas. Soyez sincère avec vos lecteurs et avec vous même. Le reste viendra.

N.A : Quels sont tes auteurs (pour la jeunesse) préférés ?

M.D : Je vais sortir un truc de vieux mais sans hésiter, mon auteur jeunesse c’est Roald Dahl. Il a réussi à séduire plusieurs générations de lecteurs, à inventer des histoires à plusieurs niveaux de lecture. Un véritable génie de la littérature jeunesse. Chacun de ses livres fait pousser dans la tête de son lecteur, une petite graine d’intelligence.

N.A : Ton activité d’auteur n’est pas ta principale profession aujourd’hui. Comme de nombreux auteurs tu exerces un autre emploi. Est ce que tu te vois un jour auteur à 200 % ?

M.D : Oui enfin non. Argh, je ne sais pas, en fait !
Je veux vivre pour écrire et non écrire pour vivre 🙂

Oui je préfère écrire que faire le travail pour lequel je suis salarié. Mais non, je ne veux pas écrire sous la contrainte, ni parce que c’est mon métier, ou parce qu’il faut gagner sa vie.

Le mot de la frite fin… 😉

N.A : Pour clore ce sujet, je vais te demander un petit exercice de style : écrire une seule et unique belle phrase qui contient ton légume préféré 🙂

M.D : J’ai toujours aimé les frites. Ah bon, c’est pas un légume ? Pourtant, elles poussent dans les arbres !

Liens :

Son blog : http://www.larondedesvivetieres.com/

Sa page d’auteur : https://myricdrane.wixsite.com/auteur

Ses livres : https://myricdrane.wixsite.com/auteur/boutique

Un petit mot de conclusion…

Ainsi, l’accès à l’auto-édition est facilitée par les très nombreuses plateformes internet qui proposent aux auteurs (amateurs ou pas) de se lancer dans l’auto-édition.
Pour autant je ne vous en ferai pas la liste ici, tant elles se sont démultipliées ses trois dernières années (et vous trouverez plein d’infos et de conseils pratiques sur le blog de Myric).

Dans cette optique, l’une de ces plateformes a récemment réalisé un petit clip publicitaire, où tout paraît simplissime (on se demande même où est passé le cœur du sujet, c’est à dire et avant tout l’écriture!), et où tout semble gratuit. Mais au bout de 5 minutes cela se termine par « il ne vous reste plus qu’à promouvoir votre œuvre !« , soit quand même une des pierres d’angle du sujet 😉
Par conséquent tout un chacun peut ainsi tenter l’aventure. Que se soit par envie d’indépendance, ou de plus de liberté éditoriale, ou tout simplement pour ne pas laisser ses histoires dans le fond d’un tiroir.
Enfin, il ne faut pas oublier l’essentiel : prendre du plaisir à faire son projet et le partager !

*Source : Novembre 2018, https://www.franceinter.fr/livres/salon-du-livre-de-montreuil-comment-se-porte-la-litterature-jeunesse

Article mis à jour le 23.04.2021

Vous avez plein d’idées et vous recherchez un illustrateur pour votre projet ? Demandez un devis (livre jeunesse, recueil, couverture de roman, etc.)

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